Elle panique !
"Elle panique, à l'idée d'en faire trop, à sa diplomabilité, elle panique de bafouiller, d'oublier ses références..."
Vendredi, 6h30 du matin, je me reveille d'une mauvaise nuit à moitié en sueur.
Est- ce que tout sera prêt pour tout à l'heure? Est-ce que je suis à la hauteur?
Mon travail est décrit comme prometteur, mais certains doutent peut être...
Et puis il faut parler devant ce jury, expliquer son boulot, le pourquoi du truc, les artistes qui ont fait "tilt", les idées qui ont fait "tilt", le mot qui fera "tilt"...
Ceux qui ont passé une diplomabilité en école d'arts savent de quoi je parle : c'est le passage obligé où un jury d'enseignants regarde où vous en êtes et si vous en êtes conscient, et puis si vous allez pas sortir une énorme connerie lors du diplôme. Parce que le DNAP, on ne peut le passer que deux fois...
Je me reveille donc en sueur, j'allume la TV pour tomber sur ce clip d'Olivia Ruiz. Genial, celle-là, elle est pour moi!!
Bref, je tente de petit-déjeuner mais rien ne passe, peut être le thé et le verre de vitamines C...
Je prends une douche, je m'habille, je fonce à ma voiture et j'arrive à Buxerolles, lieu où je me suis installée pour la diplomabilité. Je retrouve quelques amis qui enchaînent les cigarettes, d'autres qui accrochent leurs derniers trucs, d'autres qui n'arrête pas d'aller aux toillettes...on est tous dans le même état et c'est cool.
Je passe la troisième dans la matinée, j'ai envie de vomir mais bon vu que je n'ai rien mangé...mon bide fait un noeud de moebius, je soupire, je respire lentement...
Mais quand est ce qu'ils arrivent, BORDEL !!
Puis vient le prof de photo, très cool, tout souriant. Je me risque à lui rendre son sourire qui à dû ressembler à un rictus grimaçant.
D'autres profs arrivent. Alors ça y est quoi, c'est maintenant, bon je me lance...
"Alors je vous ai mis dans la pénombre pour vous présenter..."
On m'interrompt.
"Excuse-moi, attends juste deux minutes que les derniers enseignants arrivent."
Grr.Je bouffe mon frein.
Un ange passe.
Un autre enseignant arrive.
"Bon...euh...j'y vais là..."
"Alors oui donc je vous ai mis dans le noir pour vous présenter mon dispositif interactif avec une chaise qui respire ( je vous jure que j'étais à jeun quand j'ai imaginé ce truc...^^) et qui capte la respiration grâce à cette ceinture que j'ai fabriqué...blablabla...meubles anthropomorphes....mimesis avec le vivant...energie dans l'objet inerte..."
Quelques regards perplexes, je continue, je parle de certaines références plastiques, je brode...
"maitenant je vais allumer et vous montrer comment j'en suis arrivé là..."
J'allume et je retire la ceinture qui devait capter ma respiration. Monsieur E. intervient.
"- Mais, mais.....ça bouge encore!!!
- Oui j'ai quelques détails à régler et du coup j'ai mis l'animation en automatique..."
- Rhhaaaa ! Mais c'est DE LA TRICHE!!! Tu voulais me montrer quoi exactement, parce que là on a rien vu!
- CE N'EST PAS PARCE QUE CA NE FONCTIONNE PAS QUE JE NE PEUT PAS EXPLIQUER LE PRINCIPE !!"
Le ton commence à monter légèrement, les autres enseignants ne disent rien.
Je reprends.
"Tout à commencé par une période fondatrice de mon existence où j'ai été en convalescence dans un hôpital...blablabla...je me suis découverte un intérêt pour le espaces clos...blablabla...j'ai fait une série d'intérieurs de cabines de camions....blablabla...création d'un univers personnel essentiel à l'homme...d'où coup j'ai commencé à coudre des vêtements avec pleins pleins de poches...avoir un maximum d'objets à portée de main..."
J'arrive à enchaîner les explications, je me surprends à maîtriser la conversation.
Monsieur E. réplique:
" - Oui alors bon je me dit que le monde à changé...enfin peut être...parce que j'imaginais les routiers comme ceci, comme cela, avec la pin up du calendrier, avec ceci, celà...
- Mais oui mon gars, le monde à bien changé", reprend Hervé D., qui commence à être agacé par les questions de monsieur E.
" - Oui bon je disais ça comme ça...bon, n'empêche je trouve que tes photos sont intéressantes mais on voit pas assez les objets des routiers, y'a pas de sacs...
- Nan mais attendez, je suis pas d'accord avec vous !"
Plus que d'être pétrifiée par le stress, j'en deviens juste blasée et aigrie.
François D se dirige vers les photos et discute avec une autre enseignante pour lui dire "qu'il trouve ça très intéressant".
Hervé D. me sourit : "mais vas-y explique lui pourquoi tu fais ces photos (cette idiot ne comprend pas)."
Je me tourne vers monsieur E.
"J'ai surtout deux idées en tête : restituer l'espace avec le grand angle et rendre un maximum d'objets identifiables avec la profondeur de champs."
Sabine B. hoche la tête de haut en bas et regarde monsieur E. d'un air méchant.
On abrège un peu parce que du coup, celà à duré pas mal de temps. Bernard D. vient me voir.
"Bon pour tes gravures, je pense qu'on peut faire un accrochage meilleur, et puis continue ta nouvelle série, on discutera couleurs après."
François D. vient me voir à son tour : "Bon, ton accrochage est un peu brutal mais ça peut se résoudre, fais juste attention à certains termes que tu emploie et creuse les questionnements qui ont emmergés."
Sabine B. vient me voir.
" - Qui a corrigé ton mémoire?
- Personne.
- Sûre?
- Oui.
- A qui sont les inscriptions manuscrite au crayon de papier?
- Ce sont les miennes.
- Ah bon, bah c'est bien alors."
Tout le monde sort, au total j'avais face à moi une dizaine de personnes tout de même, la moyenne d'un jury de diplomabilité étant de 5 membres...
Je sors, soulagée d'avoir dit ce que je voulais à peu près et d'être en vacances^^.
Plus tard je vais sous le préau où je vois les enseignants sortir de la délibération de quelqu'un d'autre. Je discute avec Sabine.
"Bon j'ai vu que tu avais retapé ton mémoire, en tout cas ça me semble assez ... professionel."
Je rougis comme une grosse conne.
"Bon de toute façon, ta présentation était bien."
COOOOOOOOOOOOOLLLLLLLLLLL.
"Elle panique" d'Olivia Ruiz
Vendredi, 6h30 du matin, je me reveille d'une mauvaise nuit à moitié en sueur.
Est- ce que tout sera prêt pour tout à l'heure? Est-ce que je suis à la hauteur?
Mon travail est décrit comme prometteur, mais certains doutent peut être...
Et puis il faut parler devant ce jury, expliquer son boulot, le pourquoi du truc, les artistes qui ont fait "tilt", les idées qui ont fait "tilt", le mot qui fera "tilt"...
Ceux qui ont passé une diplomabilité en école d'arts savent de quoi je parle : c'est le passage obligé où un jury d'enseignants regarde où vous en êtes et si vous en êtes conscient, et puis si vous allez pas sortir une énorme connerie lors du diplôme. Parce que le DNAP, on ne peut le passer que deux fois...
Je me reveille donc en sueur, j'allume la TV pour tomber sur ce clip d'Olivia Ruiz. Genial, celle-là, elle est pour moi!!
Bref, je tente de petit-déjeuner mais rien ne passe, peut être le thé et le verre de vitamines C...
Je prends une douche, je m'habille, je fonce à ma voiture et j'arrive à Buxerolles, lieu où je me suis installée pour la diplomabilité. Je retrouve quelques amis qui enchaînent les cigarettes, d'autres qui accrochent leurs derniers trucs, d'autres qui n'arrête pas d'aller aux toillettes...on est tous dans le même état et c'est cool.
Je passe la troisième dans la matinée, j'ai envie de vomir mais bon vu que je n'ai rien mangé...mon bide fait un noeud de moebius, je soupire, je respire lentement...
Mais quand est ce qu'ils arrivent, BORDEL !!
Puis vient le prof de photo, très cool, tout souriant. Je me risque à lui rendre son sourire qui à dû ressembler à un rictus grimaçant.
D'autres profs arrivent. Alors ça y est quoi, c'est maintenant, bon je me lance...
"Alors je vous ai mis dans la pénombre pour vous présenter..."
On m'interrompt.
"Excuse-moi, attends juste deux minutes que les derniers enseignants arrivent."
Grr.Je bouffe mon frein.
Un ange passe.
Un autre enseignant arrive.
"Bon...euh...j'y vais là..."
"Alors oui donc je vous ai mis dans le noir pour vous présenter mon dispositif interactif avec une chaise qui respire ( je vous jure que j'étais à jeun quand j'ai imaginé ce truc...^^) et qui capte la respiration grâce à cette ceinture que j'ai fabriqué...blablabla...meubles anthropomorphes....mimesis avec le vivant...energie dans l'objet inerte..."
Quelques regards perplexes, je continue, je parle de certaines références plastiques, je brode...
"maitenant je vais allumer et vous montrer comment j'en suis arrivé là..."
J'allume et je retire la ceinture qui devait capter ma respiration. Monsieur E. intervient.
"- Mais, mais.....ça bouge encore!!!
- Oui j'ai quelques détails à régler et du coup j'ai mis l'animation en automatique..."
- Rhhaaaa ! Mais c'est DE LA TRICHE!!! Tu voulais me montrer quoi exactement, parce que là on a rien vu!
- CE N'EST PAS PARCE QUE CA NE FONCTIONNE PAS QUE JE NE PEUT PAS EXPLIQUER LE PRINCIPE !!"
Le ton commence à monter légèrement, les autres enseignants ne disent rien.
Je reprends.
"Tout à commencé par une période fondatrice de mon existence où j'ai été en convalescence dans un hôpital...blablabla...je me suis découverte un intérêt pour le espaces clos...blablabla...j'ai fait une série d'intérieurs de cabines de camions....blablabla...création d'un univers personnel essentiel à l'homme...d'où coup j'ai commencé à coudre des vêtements avec pleins pleins de poches...avoir un maximum d'objets à portée de main..."
J'arrive à enchaîner les explications, je me surprends à maîtriser la conversation.
Monsieur E. réplique:
" - Oui alors bon je me dit que le monde à changé...enfin peut être...parce que j'imaginais les routiers comme ceci, comme cela, avec la pin up du calendrier, avec ceci, celà...
- Mais oui mon gars, le monde à bien changé", reprend Hervé D., qui commence à être agacé par les questions de monsieur E.
" - Oui bon je disais ça comme ça...bon, n'empêche je trouve que tes photos sont intéressantes mais on voit pas assez les objets des routiers, y'a pas de sacs...
- Nan mais attendez, je suis pas d'accord avec vous !"
Plus que d'être pétrifiée par le stress, j'en deviens juste blasée et aigrie.
François D se dirige vers les photos et discute avec une autre enseignante pour lui dire "qu'il trouve ça très intéressant".
Hervé D. me sourit : "mais vas-y explique lui pourquoi tu fais ces photos (cette idiot ne comprend pas)."
Je me tourne vers monsieur E.
"J'ai surtout deux idées en tête : restituer l'espace avec le grand angle et rendre un maximum d'objets identifiables avec la profondeur de champs."
Sabine B. hoche la tête de haut en bas et regarde monsieur E. d'un air méchant.
On abrège un peu parce que du coup, celà à duré pas mal de temps. Bernard D. vient me voir.
"Bon pour tes gravures, je pense qu'on peut faire un accrochage meilleur, et puis continue ta nouvelle série, on discutera couleurs après."
François D. vient me voir à son tour : "Bon, ton accrochage est un peu brutal mais ça peut se résoudre, fais juste attention à certains termes que tu emploie et creuse les questionnements qui ont emmergés."
Sabine B. vient me voir.
" - Qui a corrigé ton mémoire?
- Personne.
- Sûre?
- Oui.
- A qui sont les inscriptions manuscrite au crayon de papier?
- Ce sont les miennes.
- Ah bon, bah c'est bien alors."
Tout le monde sort, au total j'avais face à moi une dizaine de personnes tout de même, la moyenne d'un jury de diplomabilité étant de 5 membres...
Je sors, soulagée d'avoir dit ce que je voulais à peu près et d'être en vacances^^.
Plus tard je vais sous le préau où je vois les enseignants sortir de la délibération de quelqu'un d'autre. Je discute avec Sabine.
"Bon j'ai vu que tu avais retapé ton mémoire, en tout cas ça me semble assez ... professionel."
Je rougis comme une grosse conne.
"Bon de toute façon, ta présentation était bien."
COOOOOOOOOOOOOLLLLLLLLLLL.
"Elle panique" d'Olivia Ruiz